Réseaux sociaux : la fin de la modération est-elle inéluctable ?

Mark Zuckerberg a annoncé début janvier modifier la politique de modération des réseaux sociaux Facebook et Instagram, s'inscrivant de fait dans les pas de X. Peut-on craindre que LinkedIn suive le mouvement ?

© iStock

Le patron de Meta va mettre fin à son programme de vérification des faits, en commençant par les États-Unis. Ce qui laisse présager des dérives de même nature que sur X : désinformation, mise en avant de contenus polarisants. Une stratégie qui a pour effet de faire fuir les annonceurs, mais aussi de plus en plus de personnalités, médias ou entreprises.

La modération peut-elle être supprimée sur LinkedIn ?

Si la fin de la modération sur les réseaux sociaux semble devenir la norme, dès lors, on peut être amené à se questionner : quid de LinkedIn ? La plateforme va-t-elle suivre le mouvement ? Sachant que la France est aujourd’hui un gros utilisateur du réseau social professionnel : il est même le cinquième pays au monde en termes d’utilisateurs, avec plus de 30 millions de membres (dont 11,4 millions connectés).

Sur France Inter, dans l’émission « On n’arrête pas l’éco » publiée le 21 décembre 2024, Alexandra Bensaid interviewe Reid Hoffman, cofondateur de LinkedIn (aujourd’hui détenu par Microsoft).

La journaliste interroge notamment l’homme d’affaires sur la question du risque liée aux opinions polarisées.  « Il y a toujours eu une polarisation », estime le milliardaire américain, précisant que sur LinkedIn « nous essayons de rester civilisés ». Il ajoute qu’en matière de modération, « on n’en n’a pas besoin tant que ça ». Pour lui en effet, l’identité des membres étant liée à leur profil professionnel, les membres d’une part s’auto-contrôlent et d’autre part se surveillent les uns les autres.

La désinformation, en tête des signalements sur LinkedIn

De fait, les données rendues publiques par LinkedIn semblent avérer ces propos. En octobre 2024, le réseau social a en effet publié son rapport de transparence sur la modération des contenus dans l’Union européenne (UE), dans le cadre du règlement sur les services numériques (DSA - Digital Services Act).

LinkedIn indique ainsi avoir reçu pas moins de 894 433 signalements entre le 1er janvier et le 30 juin 2024 dans l’UE. Au premier plan desquels apparaissent les contenus de désinformation (191 310 signalements), suivis des discours haineux (144 500 signalements) et des faux comptes (142 733). Les signalements des utilisateurs peuvent être traités soit par l'équipe de modération de contenu de LinkedIn, soit par le système automatisé de LinkedIn, indique la plateforme. Sachant que 32 modérateurs sont spécialisés dans la langue française sur les 190 que compte l’UE. Ces professionnels examinent le contenu signalé par les utilisateurs, le contenu identifié par les systèmes de LinkedIn, ainsi que les appels des auteurs et des signalants.