top of page
Rechercher

A Nantes, les chefs d'entreprise en demande de repères

  • Photo du rédacteur: Nelly Lambert
    Nelly Lambert
  • 7 févr.
  • 4 min de lecture



Simone Kamycki, directrice de la Banque de France Pays de la Loire, Yann Trichard, président de la CCI Nantes St-Nazaire et Olivier Garnier, directeur général de la Banque de France ont répondu aux questions des dirigeants lors de la Soirée économique du 5 février à la Maison de l'entrepreneuriat et des transitions près de Nantes.
Simone Kamycki, directrice de la Banque de France Pays de la Loire, Yann Trichard, président de la CCI Nantes St-Nazaire et Olivier Garnier, directeur général de la Banque de France ont répondu aux questions des dirigeants lors de la Soirée économique du 5 février à la Maison de l'entrepreneuriat et des transitions près de Nantes.

A quelques jours d’intervalle, les chefs d’entreprise nantais se sont déplacés en nombre à deux événements organisés pour eux : aux Vœux du monde économique le 23 janvier où le compteur s’est affolé, enregistrant un record d’affluence (1900 inscrits) et à la Soirée économique de la Banque de France du 5 février pour laquelle l’auditorium de la Maison de l'entrepreneuriat et des transitions a fait le plein (300 personnes), les inscriptions ayant même dû être stoppées deux jours avant. Cette mobilisation surprend alors que les événements économiques étaient confrontés depuis plusieurs années à ce qui ressemblait à une inexorable tendance baissière.


L’explication à ce retour de flamme ? Les chefs d’entreprise, confrontés à l’incertitude conjoncturelle, qu’elle soit nationale ou internationale, cherchent des réponses, ou en tout cas des « repères » qui leur permettront de naviguer un peu moins à vue, ainsi que l’a analysé la directrice de la Banque de France Pays de la Loire, Simone Kamycki.

Avec la Soirée économique de la Banque de France qui s’est tenue ce 5 février à la Maison de l’entrepreneuriat et des transitions, ils ont été pour le moins servis en données, entre perspectives économiques en France, implications potentielles de la nouvelle politique Trump, chiffres sur l’économie régionale en 2024 et 2025 et éléments pour la Loire-Atlantique*.

Que faut-il en retenir ? Trois constats :

 

1.     Des raisons d’espérer

Parmi la somme de données et d’indicateurs dispensés lors de cette soirée, on peut retenir des éléments positifs :

  • La France est (enfin) dotée d’un budget !

  • « L’Europe avance souvent dans les périodes de crise » rappelle Olivier Garnier, DG de la Banque de France. On peut espérer qu’avec la tornade Trump qui semble décidé à vouloir tout bousculer sur son passage, l’Europe montre enfin ses muscles…

  • Dans un contexte de « reconfiguration, avec une certaine fragmentation, du commerce mondial », l’Europe est un peu moins exposée que la Chine en matière d’exportations en direction des États-Unis. Et au sein de l’Europe, la France l’est moins que l’Allemagne et l’Italie, relève Olivier Garnier.

  • Au niveau national, nous ne sommes pas en récession. Alors certes l’« activité molle » qui nous concerne n’est pas enthousiasmante, mais nous nous trouvons dans la moyenne européenne et nous faisons même mieux que l’Allemagne, qui sous-performe.

  • La crise liée à l’inflation est derrière nous : cette dernière est revenue aux alentours des 2 % et l’évolution en parallèle des salaires, qui devraient augmenter davantage que les prix en 2025, devrait redonner du pouvoir d’achat aux Français. Et l’on sait qu’en France, la consommation est le principal moteur de la croissance.

  • Les caractéristiques intrinsèques de l’économie de notre territoire : sa pluralité fait que lorsque certains secteurs souffrent, d’autres résistent. Et le président de la CCI Nantes St-Nazaire, Yann Trichard, de citer le luxe, l’énergie ou la santé.

 

2.     Des raisons de rester prudent

  • L’investissement des entreprises est en baisse. Toutefois, selon la Banque de France, il s’agirait plutôt d’un report que d’un coup d’arrêt. Elle prévoit d'ailleurs un redémarrage en 2026/27.

  • Notre déficit public : « on a 8 points d’écart avec les autres pays de la zone Euro, alors qu’on a le même modèle économique », souligne Olivier Garnier. Il précise qu’aujourd’hui les deux tiers de cet écart tiennent aux dépenses de protection sociale (retraite, santé…). Problème selon lui : les économies dans le budget pour 2025 sont principalement liées (à plus de 80 %) aux dépenses de l’État. Conclusion : « Il va falloir aussi qu’elles se portent sur la Sécurité sociale et les collectivités locales. »

  • Le taux de chômage : on assiste à une remontée, tant au niveau national que régional. Néanmoins, selon les prévisions de la Banque de France, celle-ci serait temporaire. Yann Trichard rappelle de son côté que le taux de chômage en Loire-Atlantique est de 5,7 %, « 25 % de moins que la moyenne nationale ». D’ailleurs, la Banque de France régionale constate actuellement une poursuite des recrutements dans les services marchands. Autre raison d’espérer à moyen terme selon Yann Trichard : « 50 000 emplois nets sont à faire venir sur notre territoire d’ici 2030 pour pallier le niveau de production d’emplois que nous avons, sur la base d'une croissance de PIB de 1 % sur notre territoire. C’est dire si le chômage a très peu de raisons d’augmenter structurellement. On va devoir aller chercher des gens, relancer la construction, le bâtiment. Et on sait que quand le bâtiment va, tout va ! »

  • La rentabilité des entreprises en Pays de la Loire a pris un coup (-20 points dans l’industrie, - 16 dans les services marchands, - 10 dans la construction).

  • Les défaillances d’entreprises : il y en a eu 1060 en Loire-Atlantique en 2024 selon le président de la CCI. Un chiffre en hausse, en particulier dans le ressort du tribunal de commerce de Nantes (+ 13 %), quand celui de Saint-Nazaire a plutôt été épargné (environ + 3 %). Une tendance inquiétante, mais qui reste moindre qu’au niveau national (+ 20 %) et « à mettre en perspective du nombre de sociétés créées » parallèlement, souligne Yann Trichard. Si les chiffres n’ont pas été évoqués pour la Loire-Atlantique, Simone Kamycki a mis en lumière ceux concernant le niveau régional : on enregistre ainsi « 2600 défaillances (dont 60 % de micro-entreprises), mais 46 600 créations d’entreprises ».

 

3.     Des raisons de se mobiliser collectivement

« On a la capacité à se projeter positivement, en s’engageant, en travaillant ensemble à la prospective pour faire en sorte que notre territoire continue d’être résilient », s’enthousiasme Yann Trichard. Le préfet des Pays de la Loire, Fabrice Rigoulet-Roze, plébiscite lui aussi le jeu collectif, « qui permet de poser les sujets et de se mobiliser ». Il indique que l’État souhaite « être partie prenante de cette agilité collective ». « On est à votre service », insiste-t-il en s’adressant aux chefs d’entreprise, rappelant notamment que 382 entreprises régionales ont été aidées au titre de France 2030 sur des innovations de rupture, ce qui représente plus de 520 M€ de subventions. »

 

*Les données présentées par la Banque de France s’appuient sur une étude réalisée du 18 novembre 2024 au 24 janvier 2025. Près de 1500 réponses de dirigeants ont été collectées.

 
 
 

Commentaires


bottom of page